Il aura fallu de très nombreuses années pour que je retourne enfin visiter la maison de Claude Monet à Giverny. J’en gardais un très agréable souvenir mais je n’ai jamais trouvé le temps de m’y rendre une fois adulte. Il y a tant de petites escapades possibles autour de Paris, Chantilly ou Fontainebleau que j’ai laissé trop de temps s’écouler pour revenir dans ce coin si charmant de Normandie. Et ce n’est peut-être pas plus mal car cela m’a permis de mieux apprécier cette visite et la maison. Après tout, quand on est plus jeune, on n’accorde pas d’importance à certains détails que je ne pourrais pas m’empêcher d’étudier à présent : les variétés de fleurs dans le jardin, le choix des couleurs sur les murs ou de la faïence dans la cuisine…
En me rendant à Giverny en cette fin de mois de juin, j’ai eu l’impression d’y aller enfin au bon moment.
Un jardin bucolique mène à la maison
J’ai déjà partagé mes impressions sur ce jardin bucolique qui change au cours des saisons dans cet article, et voici donc mon ressenti sur une facette importante du domaine, la maison, le refuge, l’atelier d’un des plus grands peintres qui ait existé.
Il est toujours très intéressant de visiter le lieu d’habitation de grands personnages surtout lorsque ce sont des créatifs, des artistes ou des écrivains. J’aime entrer dans l’intimité de ces personnes et observer ce qui a pu les influencer et les inspirer. Je prends toujours beaucoup de photos et de notes car souvent ils ont une vision qui me fait réfléchir et qui me donne des idées. Et cette visite à Giverny a dépassé mes espérances !
On accède a cette imposante et engageante bâtisse par un chemin bordé de fleurs multicolores qui nous transporte instantanément dans les toiles de Monet. Avant de réellement apercevoir cette célèbre maison rose et verte, le chemin emprunté donne l’impression de parcourir un champ de fleurs, une prairie lumineuse, aérienne et très colorée. On arrive ainsi à la maison, dans de bonne dispositions, accueilli par la fastueuse simplicité de ces fleurs rustiques sans prétention.
Le charme d'une maison de campagne
Et la voici, cette demeure simple mais si particulière avec sa teinte rose, ses volets, ses treillages et sa balustrade d’un vert franc qui sont l’œuvre de l’ancien directeur de la fondation Claude Monet, Gerald Van der Kemp. Des pots de faïence bleu et blanche apportent une douceur à l’ensemble et structurent la montée des marches vers l’intérieur. Tout attire le regard, surprend sans choquer, interpelle. La maison est de bon goût, d’une simplicité raffinée mais sans ostentation. Les tableaux des grands maîtres qu’admirait Claude Monet sont exposés les uns à côté des autres. Il y a quelque chose de touchant, de sacré lorsque l’on entre dans ce lieu où le temps s’est figé pour conserver la mémoire de son propriétaire.
L’intérieur a un côté campagne assumé tout en étant moderne par certains côtés. Une modernité exprimée notamment par des matières que l’on retrouve aujourd’hui dans nos intérieurs (rotin, bambou) et surtout par le choix des couleurs : du vert associé à du lavande, une chaise bleu turquoise qui contraste avec un papier peint à motif classique. Les chambres à l’étage sont plus atténuées que certaines pièces du bas, les couleurs plus douces mais elles ont une vue à couper le souffle sur le jardin. On s’arrête quelques minutes à la fenêtre de la chambre du maître et on se dit qu’il est impossible de ne pas peindre de telles merveilles dans un tel cadre. Encore faut-il avoir le talent.
La salle à manger et la cuisine, pièces phare de la maison de Claude Monet
Mais c’est surtout le jaune de la salle à manger (et salle de réception) où la famille Monet se réunissait quotidiennement qui étonne. Ce jaune de chrome, très lumineux et joyeux stimule les sens. On retrouve dans cette vaste pièce un style champêtre combiné à cette couleur audacieuse qui plaît tant aux nombreux visiteurs (la salle à manger et la cuisine doivent être parmi les pièces les plus photographiées de la maison). On y reconnaît la marque d’un homme qui travaillait la couleur. Une grande table trône au milieu de la pièce et servait aussi à accueillir les amis. Deux vaisseliers imposants donnent son cachet à la pièce et les nombreuses estampes japonaises apportent une touche exotique à la pièce. J’ai beaucoup aimé les coussins à carreaux bleus et blanc sur les chaises.
La visite se clôture par une des pièces que l’on considère aujourd’hui comme principale pour nous mais qui n’avait pas de réelle importance pour le peintre : la cuisine. Et pourtant, c’est mon endroit favori de la maison (comme pour beaucoup de personnes) : elle est la représentation idéale d’une vraie cuisine de campagne française et est une véritable source d’inspiration. Elle se trouve dans le prolongement de la salle à manger et a une conception pleine de bon sens, un côté pratique qui ne gâche en aucun cas son charme.
On y retrouve des casseroles en cuivre, un évier en pierre, un superbe piano de cuisine mis en valeur par des carreaux de faïence et de grandes et belles portes qui cachaient sans doute les étagères de victuailles.
D’autres bâtiments sont présents sur le domaine mais ne se visitent pas car ils abritent les bureaux de la fondation. L’atelier du peintre est aujourd’hui la boutique et j’y ai trouvé de nombreux livres très intéressants. La visite à cette époque de l’année était empreinte de poésie et je suis persuadée que le charme opère également à l’automne, alors n’hésitez pas à passer la journée dans la maison de Claude Monet à Giverny, vous en reviendrez enchanté(e).
Pour creuser le sujet…
Une table estivale inspirée par Giverny ici.
Une sélection d’ouvrages pour en savoir plus sur la maison et les jardins.
Découvrez la visite des jardins de Claude Monet ici.